Cette étude vise à caractériser la réactivité émotionnelle dans la SEP, au moyen d’indices neuropsychologiques, comportementaux et électrophysiologiques, lors d’une tâche de reconnaissance des expressions faciales émotionnelles (EFE).
Dix patients atteints de SEP récurrente-rémittente (SEP-RR) et dix participants témoins (CTL), appariés en âge, sexe, niveau socioculturel et latéralité, effectuaient une tâche de catégorisation et d’évaluation de l’intensité émotionnelle de visages (NimStim). Un examen neuropsychologique préalable concernait l’évaluation cognitive (BCcogSEP), des fonctions exécutives, de l’état thymique (BDI) et de la fatigue (FIS) ; lors de la tâche, avait lieu l’enregistrement de l’activité cérébrale (EEG, 128 électrodes ; composantes P100 et N170).
Comparativement aux participants témoins, les patients SEP présentent un déficit dans la catégorisation de la colère, uniquement en situation d’intensité modérée. Les patients présentent également un déficit dans l’estimation de l’intensité pour la colère et la joie, révélant ainsi un problème plus global de réactivité émotionnelle. Par ailleurs, les SEP-RR présentent une baisse de l’amplitude de la P100 et augmentation de la latence de la N170.
Nos résultats préliminaires semblent souligner une perturbation du traitement neurocognitif des EFE chez les SEP-RR, moins profond comparativement à celui des participants CTL, ainsi qu’un ralentissement précoce dans le codage et l’intégration de l’information émotionnelle associée aux expressions faciales.
Cette étude montre un déficit du codage de l’information émotionnelle chez les patients SEP-RR. La caractérisation de ce déficit contribuerait au développement de réhabilitations favorisant la régulation émotionnelle, dimension majeure de la qualité de vie des patients.