État des lieux du risque de cancer au sein de la cohorte AGRICAN

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• 作者：S. Tual¹ ; ² ; ³ ; C. Lemarchand¹ ; ² ; ³ ; M. Boulanger¹ ; ² ; ⁴ ; C. Piel⁵ ; R. Pons¹ ; ² ; C. Pouchieu⁵ ; N. Levê ; que-Morlais¹ ; ² ; ³ ; S. Perrier¹ ; ² ; ³ ; B. Clin¹ ; ² ; ⁴ ; E. Marcotullio⁶ ; A.V. Guizard¹ ; ² ; ³ ; ⁷ ; M. Velten⁸ ; Francim-Agrican group
• 刊名：Archives des Maladies Professionnelles et de l'Environnement
• 出版年：2016
• 出版时间：December 2016
• 年：2016
• 卷：77
• 期：6
• 页码：1005
• 全文大小：154 K
• 卷排序：77

文摘

La part des cancers attribuable à des expositions professionnelles représenterait au minimum 2 à 8 % des cas de cancer (soit 7000 à 28 000 cancers par année en France). La population agricole a été très peu étudiée en France en particulier en termes de survenue de cancer bien que les expositions professionnelles en exploitation agricole concernent plus de 1 million de personnes et que la France soit un des premiers pays utilisateurs de pesticides au monde. De plus, il est maintenant admis que certains cancers (hémopathies malignes, cancers cutanés, cancer de la prostate, tumeurs cérébrales, cancers gastriques…) sont retrouvés en excès dans cette population et plus particulièrement chez les utilisateurs de pesticides sans toutefois que des matières actives voire des familles chimiques de pesticides soient à ce jour formellement identifiées. La cohorte AGRICAN a été mise en place en 2005–2007 en France afin d’étudier la santé des agriculteurs dans 11 départements disposant d’un registre des cancers [1]. Elle a permis d’inclure plus de 180 000 affiliés au régime agricole (chefs d’exploitation et ouvriers agricoles principalement, en activité ou retraités, hommes et femmes). Les premiers résultats concernaient la comparaison de la mortalité et de l’incidence des cancers (plus de 11 000 cas incidents entre l’inclusion et décembre 2011) à celles de la population générale. Ils ont confirmé et renforcé les tendances observées au niveau international, à savoir des risques significativement plus faibles pour les cancers très liés au tabagisme (poumons, vessie, ORL et pancréas) et des risques significativement augmentés pour des cancers hématologiques (particulièrement les myélomes multiples), de la prostate et les mélanomes cutanés (chez les femmes uniquement). Les premières analyses internes sur les cancers les plus fréquents ont montré des risques augmentés de cancers de la prostate [2] chez les éleveurs de bovins (notamment lors de l’utilisation d’insecticides sur animaux), ou de cochons ou encore lors de la réalisation des foins ainsi que lors de l’exposition aux pesticides, qu’elle soit directe (traitements) ou secondaire (tâches de ré-entrée ou de récolte) sur différentes cultures (blé-orge, arboriculture, pommes de terre, tabac), plus particulièrement chez ceux n’ayant jamais porté de gants de protection lors de l’utilisation de pesticides. Notre étude montre par ailleurs une forte diminution du risque de cancer pulmonaire chez les éleveurs de bovins ou de chevaux, indépendante du statut tabagique, et qui ne concernerait que ceux ayant habité sur une ferme d’élevage bovin dans la petite enfance. Par contre, les cultivateurs de pois présenteraient un doublement du risque de cancer pulmonaire particulièrement lorsqu’ils étaient impliqués dans la moisson de cette culture. La première phase de suivi des expositions de cette cohorte a débuté en 2015 par l’envoi d’auto-questionnaires de suivi détaillés qui permettront d’approfondir les analyses sur des expositions professionnelles spécifiques et sur les habitudes de vie. Des analyses ont également été menées sur des maladies respiratoires (asthme [3], bronchite chronique [4]), d’autres sont actuellement en cours sur certaines localisations de cancers (hémopathies malignes, prostate, sein, tumeurs cérébrales) et sur des maladies neurologiques (maladie de Parkinson). Le croisement avec la matrice culture-exposition PESTIMAT [5] permettra l’analyse de risques associés à des familles chimiques ou à des molécules spécifiques. Ainsi, la cohorte AGRICAN représente aujourd’hui une des plus grandes études de cohorte menée en France et la cohorte agricole la plus vaste et la plus variée en termes de populations et d’activités au niveau international. Des travaux collaboratifs sont en cours avec d’autres cohortes agricoles dans le cadre du consortium international de cohortes agricoles (AGRICOH, http://agricoh.iarc.fr/[6]), notamment, sur les facteurs de risque de cancers hématologiques (cohortes norvégienne et américaine [7]).