Cinquante-quatre papilles saines, issues de 22 pièces de néphrectomie réalisées pour cancer, ont été analysées par immunohistochimie couplée à la coloration de Von Kossa ou de Yasue, par microscopie électronique à balayage couplée à des cartographies élémentaires (EDX), par microspectroscopie infrarouge à transformée de Fourier, par cryo-microscopie électronique à transmission couplée à des analyses de perte d’énergie d’électron (cartographies élémentaires) et des techniques de diffraction.
Des plaques de Randall « débutantes » ont été observées dans 72,7 % des reins et près de deux tiers des papilles analysées. Les principaux composants de ces plaques étaient de l’apatite carbonatée, comme attendu, mais des quantités importantes de phosphate de calcium amorphe et de whitlockite, un phosphate mixte calcique et magnésien, ont été retrouvés. Ces plaques débutantes se trouvaient exclusivement à la pointe des papilles, autour de la partie profonde des anses de Henlé (62,4 % des calcifications) et fréquemment autour des vasa recta (37,2 % des calcifications), mais très rarement autour des tubes collecteurs. L’analyse à l’échelle nanoscopique de ces microcalcifications a révélé différents types de structures, notamment des nanocristaux contenus dans des vésicules mesurant quelques dizaines à quelques centaines de nanomètres.
Ces résultats mettent en évidence un processus de calcification généré dans l’interstitium et non dans les tubules, avec un rôle évident des vasa recta dans leur genèse. La composition variée de ces plaques, leur contenu en magnésium ou l’origine des vésicules contenant les nanocristaux restent autant d’énigmes.
La plaque de Randall est un processus très fréquent a minima dont le principal déterminant est vraisemblablement la sursaturation interstitielle en phosphate de calcium.