À partir de notre registre local à inclusion prospective des thrombectomies réalisées dans notre service, nous avons étudié les délais de prise en charge des patients traités entre janvier et novembre 2015. Nous nous sommes particulièrement intéressés aux délais « imagerie-ponction », « ponction-revascularisation » et « imagerie-revascularisation ». Ces délais moyens et médians étaient calculés mois par mois et leur évolution était suivie mois par mois en fonction du volume d’activité. Compte tenu du faible nombre de patients traités durant cette période, les données des mois de janvier, février et mars étaient réunies. Les patients étaient tous pris en charge à la phase aiguë d’une occlusion artérielle proximale (ACI cervicale ou intracrânienne, M1, M2, A1, TB). Ils bénéficiaient tous d’un examen clinique (score NIHSS) et d’une imagerie à l’arrivée (TDM en 1re intention, IRM si horaire indéterminée). En suivant, le patient était pris en charge au bloc de neuroradiologie pour une procédure de revascularisation, sous anesthésie locale (sauf agitation ou troubles de la vigilance), par voie artérielle fémorale, par technique de thromboaspiration et/ou stentriever.
Dans notre service, entre le 1er janvier 2015 et le 30 novembre 2015, 107 patients ont bénéficié d’une thrombectomie. Le score NIHSS initial moyen était de 15,5 et le délai moyen entre le début des et l’imagerie était de 03 h 30. La thrombolyse intraveineuse était associée dans 63 cas, avec un délai moyen de 04 h 10. Les délais « imagerie-ponction » moyen et médian étaient respectivement de 137 et 115 min en janvier-mars, puis 62 et 55 min en novembre, avec une amélioration sensible dans le temps. Dans notre expérience, une courbe d’apprentissage organisationnelle était mise évidence : le délai « idéal » de moins de 60 min entre imagerie et ponction était obtenu après environ 75 patients.
Nous montrons ici que le volume d’activité à un effet réel et significatif sur l’optimisation des timings et des performances de la prise en charge des AVC ischémique par thrombectomie. Dans notre expérience, l’augmentation rapidement progressive du nombre de patients traités a permis une amélioration nette de notre organisation institutionnelle et de la qualité de la prise en charge. Dans la pratique de la thrombectomie, il apparaît donc indispensable de réaliser un volume d’activité suffisant afin de proposer une expertise institutionnelle, organisationnelle et technique optimale. Le volume d’activité a donc une implication immédiate sur la qualité et les performances de prise en charge proposée.