La mesure de la capacité vitale a été analysée par un spiromètre incitatif inspiratoire (VOLDYNE) (Figure 1). La mesure centimétrique des périmètres xiphoïdien et abdominal a été réalisée avec un mètre ruban. La mesure des temps d’apnée statique et dynamique des nageuses a été effectuée par un chronomètre. La méthodologie la plus appropriée pour cette étude est de type différentiel. Son rôle est de prouver une éventuelle corrélation entre les variables étudiées et le traitement appliqué. Les variables différentielles sont définies en amont de la recherche. Ici, le type de variable est intra-individuelle ; c’est-à-dire, qu’elle évalue les réponses de chaque sujet, par rapport à un phénomène donné. Elles sont au nombre de cinq : la capacité vitale, les périmètres xiphoïdien et ombilical, et les temps d’apnée statique et dynamique. Le traitement, quant à lui, repose sur la mise en place de la ventilation abdomino-diaphragmatique, dirigé par le thérapeute, chez les nageuses synchronisées. Il est axé sur la recherche de la performance apnéique de celles-ci. La recherche se déroule sur quatre semaines consécutives, au rythme de deux séances par semaine. Le protocole comprend donc huit séances, espacées d’un délai de 48 heures. Le choix de réaliser huit séances est motivé par la nécessité de conduire une prise en charge assez longue de la nageuse synchronisée, afin d’évaluer les répercussions du traitement à long terme sur celle-ci. La séance se décompose de la façon suivante : dix minutes de VDAD dans un premier temps, puis mesure des variables dans un second temps.
Nous avons observé une faible augmentation de la capacité vitale, une forte augmentation des périmètres xiphoïdien et abdominal, une forte augmentation des temps d’apnée statique et une faible augmentation, voire même diminution des temps d’apnée dynamique. Rigoureuses, les nageuses ont suscité une grande motivation à participer au protocole. Elles m’ont affirmé y avoir découvert de nouvelles sensations, notamment de relaxation et d’apaisement avant de débuter une apnée. Aussi, les spasmes musculaires liés à la contraction involontaire du diaphragme durant la réalisation d’une apnée sont plus tardifs.
Plusieurs biais :
– la population est restreinte. Le groupe d’expérimentation est constitué de sept nageuses. Il ne suffit pas à produire des résultats statistiquement significatifs ;
– les outils de mesure : l’estimation de la capacité vitale par l’utilisation du « Voldyne » ne présente pas la même précision que la réalisation d’une exploration fonctionnelle respiratoire (EFR). Les mesures centimétriques du thorax et de l’abdomen ne tiennent pas en compte une éventuelle prise de masse de la nageuse durant l’étude. La mesure des temps d’apnée est, quant à elle, fortement influencée par l’état psychologique de la nageuse. La performance est dépendante de son état physique au moment de la mesure ;
– la pratique de l’apnée influence la performance du sujet. Lors de l’exercice apnéique répété, la durée de l’apnée a tendance à augmenter. La fréquence des entraînements revêt une certaine importance dans l’analyse des résultats.
De plus, il aurait été intéressant de réaliser la mesure de la capacité vitale et des périmètres dans l’eau, en immersion. En effet, celles-ci ont seulement été effectuées à sec, au bord du bassin, par faute de temps. Ainsi, la nageuse aurait été dans les mêmes conditions que lors de sa pratique sportive ; c’est-à-dire, avec une répercussion de la pression hydrostatique sur les compartiments thoracique et abdominal.
Cette étude porte sur un effectif limité et ses conclusions ne sont bien entendu pas généralisables. Néanmoins, il est intéressant de souligner que cette technique, facile à pratiquer sans matériel spécifique, peut apporter un certain nombre de bénéfice dont la confirmation mériterait des études plus larges. En effet, ce procédé respiratoire est peu utilisé en dehors des pathologies respiratoires. L’hypothèse de son intérêt chez le sportif est peu documentée. Mon investissement dans ce travail a été motivé par mon goût personnel de la recherche de la performance dans le domaine du sport et notamment de la natation synchronisée. Les points les plus enrichissants de cette expérience furent, entre autre, le contact social, la réflexion pour adapter le protocole à chaque sujet, et l’enseignement de certaines bases anatomiques et physiologiques aux nageuses et entraîneurs. Ce mémoire d’initiation à la recherche m’a permis d’aborder différemment le sport que je pratique depuis maintenant treize ans. En appliquant les connaissances thérapeutiques acquises durant ces trois dernières années, j’ai véritablement pu allier la « passion » de mon sport à mon futur « travail ».