Nous avons réalisé une étude observationnelle rétrospective dans le service de chirurgie et de médecine chez 78 patients ayant bénéficié de NP sur une période de 18 mois (du 1er janvier 2014 à fin juin 2015). Les critères de non-pertinence de la prescription de la NP étaient les patients non dénutris (indice de masse corporelle [IMC] et albuminémie), avec une durée de NA inférieure à 7 jours, et un tube digestif fonctionnel (présence de traitement médicamenteux oral) et sans NE complémentaire. La conformité de la prescription de la NP dépendait de l’ajout journalier des vitamines hydro et liposolubles de même que des oligoéléments, et de l’apport protidique et calorique adéquat (30 kcal/kg/jour) avec une évaluation nutritionnelle hebdomadaire.
Sur la période de 18 mois analysée, les 78 patients avec NP représentaient 0,58 % des admissions (13 350). Cinquante-neuf pour cent des NP ont été utilisées en médecine (51 % en gastro-entérologie et 8 % en pneumologie) et 41 % en chirurgie (34 % digestive et 7 % vasculaire). Un dépistage de la dénutrition avec encodage était présent chez 90 % des admissions dans ces services. Une dénutrition a été retrouvée chez 47 % des 78 patients sous NP. L’absence de NE complémentaire ou exclusive avec un tube digestif fonctionnel (prise médicamenteuse orale) a été retrouvée chez 90 % des patients. La durée de la NP a dépassé les 7 jours dans 49 % des cas. L’ajout de vitamines et d’oligoéléments a été respectée dans 59 % des cas (essentiellement en médecine et chirurgie vasculaire). L’évaluation des apports protidocaloriques et le suivi nutritionnel hebdomadaire n’apparaissait pas dans les dossiers. Les complications infectieuses et thrombotiques liées au cathéter de la NP étaient retrouvées dans 1 % des cas.
La NP est surconsommée au centre hospitalier de Wallonie picarde. L’indication dans la majorité des cas et le suivi nutritionnel sont inadéquats avec les recommandations. Ces résultats nous incitent à pallier ces lacunes, par des réunions avec les services concernés pour promouvoir encore plus la NE. Insister pour la réalisation d’un protocole de prescription informatisé et personnalisé de la NP englobant les apports protidocaloriques, les vitamines et oligoéléments de même que le suivi nutritionnel.