En effet, les besoins physiologiques fondamentaux d’uriner et de déféquer sont loin d’être pris en compte habituellement dans l’organisation des chantiers du paysage. C’est pourtant une base inaliénable à la satisfaction de toute autre exigence selon la théorie des besoins, explicitée par la Pyramide de Maslow !
L’impossibilité d’accéder à des toilettes pendant des journées entières de travail est déniée, porte à sourire ou est considérée comme une fatalité. L’objectif de notre étude est donc de démontrer que c’est une réelle problématique.
La méthode 91 salariés ont répondu à un questionnaire durant l’échange en consultation médicale ou en entretien infirmier sur une période de 6 mois.
Les résultats montrent que l’accès aux toilettes est un problème plutôt ou tout à fait prioritaire pour 79 % d’entre eux !
On note des pratiques :
– indignes : hygiène de base compromise, mictions sur la voie publique (délit), défécation dans la benne du camion…
– alarmantes : limitation volontaire de s’hydrater, rétention urinaire (13 %) et fécale (36 %) nécessaire et fréquente…
Les conséquences sur la santé et la sécurité sont réelles :
– constipation ou douleur abdominale (14 %) ;
– troubles de la concentration favorisant les risques sur le chantier et sur la route par la nécessité de trouver des toilettes en urgence…
L’intérêt de cette étude est d’apporter des arguments quantitatifs et qualitatifs aux entreprises du paysage afin d’ouvrir le dialogue entre décideurs et ouvriers pour la prise en compte de cette problématique. En l’absence d’une législation adaptée (code du travail et code rural) ou d’accords de branche, des solutions propres aux activités pourront être expérimentées :
– organiser et prévoir des moyens sur place (toilettes chimiques ou sèches…) ;
– permettre d’accéder à des WC extérieurs : localisation des toilettes les plus proches dès la conception des chantiers, couverture en AT si accident au cours du déplacement nécessaire, financement des frais…
La prise en compte des besoins physiologiques des travailleurs est une composante oubliée et pourtant fondamentale de la qualité de vie au travail, s’intégrant de fait au souci de performance globale de l’entreprise, tant économique que sociale.