Nous rapportons un cas complexe de trouble factice chronique et récurrent impliquant la peau. Il s’agissait d’une femme de 48 ans, diabétique depuis son jeune âge, avec de nombreux événements de vie stressants, un trouble de l’adaptation ainsi qu’un trouble de personnalité borderline sous-jacent. Le début des troubles aurait coïncidé avec la découverte de l’adultère de son mari. Le trouble factice a été diagnostiqué après de vastes investigations et des traitements dans plusieurs services de dermatologie, ainsi que de multiples hospitalisations. Le retard diagnostique de cinq ans avait facilité la survenue de complications somatiques graves, notamment une amputation de jambe. La prise en charge de la patiente était très difficile malgré l’établissement et le maintien d’une bonne alliance thérapeutique. Les poussées de la maladie étaient rythmées par les conflits avec le conjoint. Une provocation des lésions cutanées au cours d’épisodes dissociatifs a été suspectée chez elle, et une approche thérapeutique ciblée a été adoptée.
La provocation des lésions au cours des épisodes dissociatifs est une hypothèse d’autant plus intéressante qu’elle permet d’engager avec le patient, au sein d’une relation thérapeutique confiante, une discussion sur son comportement.