Une femme de 27 ans, caucasienne, G3P2 (ITG pour trisomie 21), était suivie pour une SEP-RR depuis 7 ans avec une forme active. Après la naissance de ses 2 premiers enfant, une poussée vestibulaire avec aggravation radiologique de la charge lésionnelle amena à un switch de l’interféron pour du natalizumab lequel démarra le 29/04/2014. La patiente, faisant fi des recommandations médicales habituelles vis-à-vis d’une contraception efficace, débuta une 3e grossesse, après 3 injections. Après une réflexion de balance bénéfice–risque il fut décidé de poursuivre le tysabri devant la forme active de la maladie, avec le risque d’une exposition au natalizumab durant toute la grossesse. La grossesse se déroula sans anicroche avec un renforcement du suivi échographique. La patiente accoucha 2 semaines avant terme d’une petite fille, le 3/06/2015 (poids : 3140 g ; taille : 47 cm ; score APGAR : 10/10). Une discrète pancytopénie fut découverte avec une anémie normocytaire normochrome à 11 g/L d’hémoglobine, une leucopénie à 4,4 G/L, une thrombopénie à 116 G/L. Après un bilan hématologique trouvé normal, une mise en relation avec l’exposition au natalizumab fut retenue. Le suivi biologique montra une normalisation à 3 mois de la NFS.
Autant il existe des arguments de sécurité vis-à-vis d’une tératogénicité du natalizumab au travers des registres de grossesse, autant un éventuel effet délétère sur l’enfant dans son suivi postnatal n’est pas bien connu, notamment sur les données biologiques. Un trouble de l’hématopoïèse est possible comme l’illustre cette observation d’autant que, in vitro sur l’animal, le natalizumab interfère sur l’hématopoïèse fœtale.
En cas d’exposition prolongée ou durant le 3e trimestre de grossesse, une attention doit être portée sur un risque hématologique pour le nourrisson, avec une information donnée à l’équipe gynécologique et obstétricale.