Une patiente de 65 ans était hospitalisée pour un bilan de dyspnée d’apparition récente dans un contexte d’altération de l’état général. Cette patiente avait bénéficié d’une mastectomie en 2012 pour un carcinome canalaire in situ droit. L’examen clinique révélait un syndrome cave supérieur. Le scanner thoracique montrait des plages de condensation des lobes supérieurs et moyens droits associées à une lymphangite carcinomateuse avec des polyadénopathies médiastinales et hilaires ainsi que des métastases hépatiques. Des épanchements péricardiques et pleuraux de grande abondance étaient également objectivés. Les résultats anatomo-pathologiques de la biopsie ganglionnaire au niveau médiastinal confirmaient un adénocarcinome moyennement différencié en faveur d’une origine mammaire. Les bilans bactériologiques et virologiques étaient négatifs. L’examen mycologique du lavage broncho-alvéolaire a permis la visualisation de filaments mycéliens arthrosporés et de rares levures bourgeonnantes, à l’examen direct (coloration May-Grünwald Giemsa) et l’isolement en culture, sur Sabouraud chloramphénicol ± actidione, à 30 °C et 37 °C de M. capitatus et G. candidum. Un traitement antifongique n’a pas été initié devant le refus de la patiente. Après concertation pluridisciplinaire, la patiente a bénéficié d’une prise en charge palliative. L’évolution était rapidement défavorable conduisant au décès de la patiente 4 jours après le diagnostic mycologique.
Il existe moins de 100 cas rapportés d’infections disséminées à M. capitatus et à G. candidum. Ces champignons sont des levures ascomycètes pour lesquelles un portage pulmonaire est souvent retrouvé. Leur pathogénicité dans les infections survient souvent sur un terrain d’immunodépression lié à une hémopathie pour les quelques cas décrits.
Le diagnostic mycologique de ces deux levures est basé sur la présence commune de filaments et d’arthrospores à l’examen direct. L’isolement en culture sur milieu de Sabouraud à 30 °C et 37 °C permet l’isolement de colonies blanches avec présence de filaments arthrosporés de grand diamètre, des arthrospores ± blastospores en fonction de l’espèce. Le traitement antifongique repose généralement sur une association d’amphotericine B et de 5-fluorocytosine.
Le rôle de la pathologie néoplasique sous-jacente et des pathogènes opportunistes dans l’évolution fatale de ce cas sont à discuter et renvoient au bénéfice d’une thérapeutique antifongique systémique.
La co-infection à M. capitatus et G. candidum sur un terrain néoplasique est exceptionnelle et permet de nous sensibiliser sur l’émergence de mycoses profondes atypiques.