Évaluer la fréquence de la consommation du cannabis dans une population d’infarctus cérébraux du sujet jeune, et déterminer les caractéristiques cliniques et paracliniques, le pronostic et les mécanismes associés à cette consommation.
Cent quatorze patients consécutifs âgés de 15 à 55 ans, hospitalisés pour infarctus cérébral, ont bénéficié d’un dépistage urinaire et par interrogatoire de la consommation de cannabis. Les données cliniques, étiologiques et le pronostic ont été comparés entre les consommateurs de cannabis et les non-consommateurs. Le mode de consommation, la présence d’un vasospasme intracrânien, et l’imputabilité de l’AVC à la consommation de cannabis ont été étudiés.
L’âge médian était de 44 ans. Le dépistage du cannabis était positif dans 16 % des cas. Les consommateurs étaient plus jeunes, et avaient un taux de récidive d’AVC plus élevé que les non-consommateurs. Plus de la moitié n’avait pas interrompu le cannabis à 3 mois de l’AVC. L’imputabilité de l’AVC à la consommation de cannabis était probable ou certaine chez 50 % des consommateurs. Un vasospasme intracrânien était prouvé dans 11 % des cas.
Le taux de consommation de cannabis dans notre cohorte est plus élevé que dans la population générale. La majorité sont des consommateurs chroniques. Les effets vasoactifs et arythmogènes du cannabis font partie des mécanismes potentiels. Les taux élevés de récidive et de poursuite du cannabis en post-AVC soulignent l’importance du dépistage du cannabis dans l’AVC du sujet jeune, et d’une prise en charge addictologique.
La consommation de cannabis est fréquente et associée à un pronostic défavorable chez les sujets jeunes victimes d’infarctus cérébral. Les mécanismes physiopathologiques sont multiples. Une prise en charge addictologique spécifique est nécessaire chez ces patients.