En Europe, la législation n’impose pas au laboratoire pharmaceutique d’indiquer la teneur en Al des solutés. Un dosage ponctuel a été réalisé sur les solutés à risque important de contamination ainsi que sur des poches de NP destinées aux prématurés. Ces dosages ont été effectués par spectrométrie atomique dans le laboratoire de contrôle de l’Ageps.
Les dosages des différents solutés ont donné les teneurs suivantes en Al : 1,3 μg/mL pour le GGCa2, 4 μg/mL pour le phosphate monodipotassique (PMDK), et 0,3 μg/mL pour le Phocytan. L’exposition aluminique théorique a été déterminée pour chaque formule prescrite. En ce qui concernent les dosages des différentes poches de NP, nous avons obtenu une teneur moyenne de 69,3 μg/L.
En Europe, il n’y a pas de recommandation sur l’exposition parentérale à l’Al. La Food and Drug Administration américaine (FDA) a émis une limite d’exposition de 5 μg/kg/j [2]. L’analyse de 26 poches de NP a montré une exposition moyenne théorique de 7,06 μg/kg/j. L’exposition maximale toxique recommandée par la FDA est dépassée chez les prématurés, du fait des apports important en calcium des NP. Une étude américaine a démontré que cette recommandation n’était pas applicable en routine [3]. L’ANSM a publié le 29 juillet 2015 une injonction sur l’utilisation du GGCa en flacon qui préconise l’utilisation d’ampoule plastique [4]. Par jour, environ 400 mL de GGCa sont utilisés pour la production des NP de néonatalogie, équivalent à 40 ampoules. Cela représentera un travail plus long et qui augmente le nombre de manipulations et le risque septique. Remplacer les flacons en verre par des contenants plastiques pose alors la question du relargage des plastifiants, perturbateurs endocriniens chez le prématuré. Le risque d’intoxication aluminique est plus important chez le prématuré. Nous avons choisi d’informer les prescripteurs en affichant la teneur théorique en Al sur les étiquettes de NP. Il est urgent de diminuer l’apport en Al par la nutrition parentérale, mais de garder une approche raisonnée vis-à-vis de nos pratiques de production. Il serait nécessaire d’établir une monographie des teneurs limites acceptables pour les solutés utilisés. D’autre part, aucune toxicité majeure n’a été observée à ce jour pour les patients traités au long cours en NP.