Cohorte prospective et multicentrique ayant inclus 476 patients consécutifs (moyenne d’âge de 52 ans, 57 % d’hommes) admis dans sept unités de soins intensifs, du 1er janvier au 30 mars 2015. Le dosage de la créatinine était effectué aux j0, j2, j7 et j28 par la méthode enzymatique. L’ARA (absence, stade 1, stade 2 et stade 3) était définie selon les recommandations de l’AKIN. La courbe de survie a été estimée par la méthode de Kaplan–Meier. Les prédicteurs de la mortalité ont été analysés par le modèle de régression de Cox et le seuil de signification statistique était p < 0,05.
L’incidence cumulée de l’ARA était de 52,7 % (23,7 % au stade 1, 16,2 % au stade 2 et 12,8 % au stade 3). Dans le groupe avec ARA, la mortalité était de 58 % vs 28 % dans le groupe sans ARA. La survie médiane était de 15 jours dans le groupe sans ARA vs 3 jours, 6 jours et 8 jours respectivement dans le groupe des patients aux stades 3, 2 et 1 d’ARA (p < 0,001). En association à la détresse respiratoire (HRa 1,60; IC 95 % : 1,08–2,37), la désaturation en oxygène (HRa 1,53; IC 95 % : 1,13–2,08) et la défaillance multiviscérale (HRa 1,63; IC 95 % : 1,15–2,30), l’ARA a émergé comme un facteur indépendant de la mortalité (HRa 1,82; IC 95 % : 1,34–2,48). Seulement 6,5 % des patients avec ARA stade 3 ont pu bénéficier de la dialyse, et 8,2 % des patients du groupe entier ont pu bénéficier de la ventilation mécanique.
L’incidence et la mortalité trouvées sont comparables avec les données de la littérature, à la différence que dans notre cohorte, il s’agit des sujets beaucoup plus jeunes que dans les séries décrites en Occident.
Plus de 50 % de patients admis aux soins intensifs à Kinshasa développent une agression rénale aiguë dans un contexte d’atteinte multiviscérale avec une prise en charge sous-optimale et impact substantiel sur la mortalité.