Une femme de 33 ans est conduite aux urgences pour troubles du comportement et propos incohérents depuis 24 h dans un contexte de tristesse de l’humeur. Elle présente un délire, sous tendu par une déformation de la scène visuelle, des visages et des objets, et des troubles du comportement très fluctuants. Le retour au calme rapidement obtenu fait porter le diagnostic de dissociation anxieuse. Deux jours après sa sortie, les troubles du comportement se majorent, associés à des propos mélancoliques, une insomnie. Elle fugue du domicile. Des dyskinésies buccofaciales et stéréotypies gestuelles sont notées. L’IRM cérébrale est normale. L’EEG révèle une activité delta lente, surmontée de rythmes rapides alpha et bêta diffus, évocateur d’extreme delta brush (EDB), spécifique de l’encéphalite à anti-NMDAR. La présence d’anticorps anti-NMDAR dans le LCS confirmera le diagnostic. Les EDB disparaissent ensuite au profit d’une activité continue de complexes diphasiques de répétition périodique (PSWCs), motivant initialement un traitement anesthésique. L’évolution clinique est favorable à la levée de l’anesthésie après traitements immunomodulateur et immunosuppresseur.
La place de l’EEG dans la prise en charge des encéphalites est connue. Deux patterns EEG sont à souligner, les EDB pour leur spécificité, les PSWCs signature d’encéphalite, à distinguer d’un status afin d’éviter un traitement antiépileptique. Le pattern EDB oriente le diagnostic et implique une durée d’hospitalisation prolongée (Schmitt et al., 2012).
La suspicion d’encéphalite anti-NMDAR impose la réalisation de l’EEG. Le pattern spécifique EDB oriente précocement le diagnostic et permet de le différencier de l’état de mal afin d’éviter un traitement antiépileptique et sédatif lourd.