Évaluer les déterminants de la double stigmatisation subie par les Autochtones âgés et déments en zone rurale (Gamboma) en République du Congo.
Il s’agissait d’une enquête qualitative de type ethnologique. L’observation participante et les entretiens semi-directifs ont permis de recueillir, pendant 45 jours d’immersion sur le terrain, des informations sur les interactions sociales entre les autochtones déments (AD), les aidants familiaux (AF) et les professionnels de santé (PS). Les relations entre ces acteurs et les représentations sociales qui les suscitent, ont été observées et recueillies sur les lieux publics. Les entretiens ont été menés en langues locales.
L’échantillon était de 17 déments dont 14 (82,4 %) Bantous et 3 (17,6 %) Autochtones. Ces AD étaient un homme (73 ans) et 2 femmes (85 et 91 ans). Des récits ont été recueillis auprès de 3 AD, 3 AF et 3 PS. Les AD et AF n’étaient pas respectés ni appréciés par les 3 PS. Ceux-ci considéraient les AD comme « inutiles » et « sans revenus ». Les PS ne reconnaissaient pas la démence.
Le terme autochtone, destiné à revaloriser les peuples premiers, ne suffit pas à modifier les représentations sociales réductrices que les Bantous entretiennent envers ceux qu’ils considèrent comme des hommes inférieurs, des « sous-hommes » et sur qui ils exercent un pouvoir de domination sans nuance.
Les représentations socioculturelles défavorables envers les aînés, quand ils sont à la fois autochtones et déments, sont fortes en zone rurale ; elles sont le produit d’une organisation sociale et économique.
AXA Research Fund.