Simultanément à la description du parcours de Benedetti qui, en tant que clinicien, rencontra de multiples écueils, les principaux concepts cliniques qu’il élabora seront ici exposés et illustrés d’exemples cliniques.
Toute la rigueur de la conceptualisation de G. Benedetti ne vise point à se défaire d’une clinique exigeante et difficile, mais au contraire de s’y engager au-delà de ce que les pratiques orthodoxes ne le permettent. Il conçoit à cet effet des outils permettant de penser non pas tant une technique qu’une forme de disposition d’esprit et une façon d’être avec la psychose. La « positivation » de la psychopathologie, par exemple, relève d’un mouvement double par lequel le thérapeute reconnaît les expériences psychotiques comme autant de tentatives désespérées face à l’effondrement qui menace, sans chercher à les confronter au principe de réalité mais en s’y « identifiant partiellement », parfois à la frontière d’une « folie à deux », laissant à l’inconscient du patient comme du thérapeute l’opportunité de trouver une « ouverture ». Patient et thérapeute élaborent de concert par associations conjointes, le thérapeute pouvant mettre à disposition des « images transformantes » qui, par l’effet d’une « dualisation » et sous l’effet de ce que Benedetti appelle le « sujet transitionnel », permettent une forme de partage, rudimentaire peut-être, mais fondamental pour un sujet qui ne peut survivre que dans le plus extrême retrait. Le thérapeute ainsi peut, par exemple, raconter ses propres rêves à son patient, s’ils concernent bien sûr ce dernier, car ils peuvent s’avérer résolutifs de conflits dans lesquels le patient se trouve englué.
La folie telle que conçue par Benedetti est irréductible aux seuls concepts car son traitement nécessite que le thérapeute se mette subjectivement en jeu et partage une expérience fondamentale avec son patient. Ce partage permet, selon Benedetti, l’élaboration conjointe de symboles, véritables opérateurs psychiques, qui n’étaient jamais venu à se structurer ou bien que le processus psychotique avait disjoint.
La démarche analytique de Benedetti s’oppose points par points à une entreprise archéologique d’investigation mais se rapproche plutôt d’un travail de construction où l’engagement, l’implication du thérapeute visent essentiellement à rejoindre un sujet que la psychose isole radicalement. L’élaboration théorique permanente et le travail essentiel de la supervision offrent un appui précieux et essentiel pour soutenir une démarche souvent périlleuse.