Un cas de Münchhausen en contradiction avec la théorie. Conséquences pour le discours médical
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文摘
Dans la lignée des travaux d’Alain Abelhauser, cet article veut relancer la réflexion psychanalytique sur la clinique des sujets présentant un syndrome de Münchhausen. Avec l’examen de deux cas cliniques, les auteurs veulent répondre à quatre questions fondamentales : Qu’opère le sujet psychiquement à travers son discours caractéristique lié à une demande de chirurgie ? À quelle logique cette réticence du sujet obéit-elle, attestée par la littérature, qui forclôt toute demande psychothérapeutique et ne vise que la seule reconnaissance du statut de malade ? Cette réticence est-elle systématique ? Les raisons de cette fermeture du dire relèvent-elles d’un pur mécanisme psychopathologique ou ne seraient-elles pas aussi induites par la structure du discours médical qui l’accueille ?

Méthode

Deux cas cliniques, l’un rencontré en milieu hospitalier, l’autre suivi en cabinet libéral, sont présentés et examinés en détail. Une reprise synthétique de la littérature et de ses auteurs majeurs est effectuée. Enfin, une analyse de l’évolution de la médecine et de la place de la parole dans le discours médical, permet de montrer les raisons des impasses auxquelles ces patients confrontent les médecins.

Résultats

La présentation d’un premier cas clinique montre la pertinence d’une analyse qui ne se fonde plus sur le paradigme réaliste « réalité ou mensonge ? » À partir d’une prise en compte de la position subjective, les auteurs montrent combien cette quête chirurgicale s’articule à une logique inconsciente où est en jeu la question de l’objet perdu. Une thèse est avancée selon laquelle le syndrome de Münchhausen est souvent une clinique d’un deuil impossible sur le plan symbolique, faisant retour par une soustraction dans le réel du corps. Le deuxième cas a un aspect extraordinaire de par la richesse du matériel clinique confié par une patiente dans le cadre inédit d’un suivi au long cours avec un psychiatre-psychanalyste, hors hôpital. Il y a bien eu pour ce sujet féminin un désir de déchiffrer le sens de ses conduites, qui a produit une disparition des demandes de mutilation et de sa quête exclusive d’une nomination par l’Autre médical. Cette prise en charge prouve la pertinence d’un traitement psychanalytique particulier pour ces sujets considérés comme réfractaires à la parole.

Discussion

Cet article montre que ce second cas permet de réfuter la thèse générale d’une fuite systématique des sujets atteints du syndrome de Münchhausen devant toute proposition d’aide et de parole, par les équipes médicales. Une réflexion inductive s’en suit sur le rôle joué par le discours médical lui-même sur cette fermeture du dire classiquement constatée. La position médicale, toujours complexe, se réglant uniquement sur une stratégie d’aveu du patient, nous montrons pourquoi ce forçage ne peut que susciter le passage à l’acte de la fuite. L’évolution technicienne de la médecine moderne est ainsi mise en question quant à son propre rôle dans la méconnaissance de la causalité psychique pourtant souvent concernée dans les symptômes somatiques.

Conclusion

Plusieurs propositions sont formulées dans cet article pour aider le médecin à appréhender cette clinique autrement que sur le mode imaginaire « dupant-dupé », où le Münchhausen ne manque pas de convoquer les soignants : prise en compte du transfert dans la relation médecin-malade, connaissance des particularités du corps dans la structure psychotique, distinction de la demande et du désir, variantes de la pulsion de mort.

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