l¡¯ench¨¦rissement de certains m¨¦dicaments qui ne sont pas accessibles ¨¤ la majorit¨¦ des populations souvent ¨¦loign¨¦es des centres de sant¨¦.
la manifestation, pour des raisons socioculturelles, d¡¯une certaine m¨¦fiance des personnes vivants notamment en zones rurales ¨¤ l¡¯¨¦gard de la m¨¦decine moderne, pr¨¦f¨¦rant se tourner aupr¨¨s des gu¨¦risseurs traditionnels qui ne ma?trisent pas tr¨¨s souvent des notions comme le dosage des rem¨¨des ¨¤ administrer ¨¤ leurs patients.
Le corollaire de tout ceci est une morbidit¨¦ et une mortalit¨¦ croissantes qui ralentissent le d¨¦veloppement des pays concern¨¦s et par l¨¤ accentuent la pauvret¨¦ de leurs populations
Pour r¨¦soudre ces probl¨¨mes sp¨¦cifiques de sant¨¦ publique en Centrafrique, en particulier, l¡¯une des voies nous semble ¨ºtre l¡¯utilisation et la valorisation des plantes m¨¦dicinales dont nos for¨ºts regorgent ¨¤ profusion et qui ont d¨¦j¨¤ fait la preuve de leur efficacit¨¦.
Dans le cadre de notre projet de recherche en vue d¡¯obtenir le doctorat Ph. D et pour apporter notre modeste contribution ¨¤ r¨¦soudre les probl¨¨mes de sant¨¦ publique, nous avons focalis¨¦ notre attention sur l¡¯un de ces fl¨¦aux, le diab¨¨te, qui a ¨¦t¨¦ reconnu par l¡¯Organisation Mondial de la Sant¨¦ (OMS) comme ¨¦tant une priorit¨¦ urgente sur le plan national et international (1,2).
En effet, le taux de pr¨¦valence du diab¨¨te dans le monde, selon les pr¨¦visions faites par des experts (3), ¨¦tait de 4 % soit 135 millions de personnes en 1995, ce taux atteindrait 5,4 % soit 300 millions de personnes en 2025. Les plus fortes progressions de cette maladie insidieuse et rampante seront observ¨¦es dans les pays en voie de d¨¦veloppement : on aura en effet une augmentation de 17 % soit une progression de 84 ¨¤ 228 millions de malades entre 1995 et 2025. Au cours de la m¨ºme p¨¦riode en Centrafrique la progression du taux de pr¨¦valence du diab¨¨te sera parmi les plus importantes, passant ainsi de 72000 ¨¤ 210000 diab¨¦tiques (4).
En Centrafrique, une bonne frange de diab¨¦tiques est actuellement ag¨¦e entre 40 ¨¤ 65 ans (5), ce qui a pour contrecoup de mettre en cause notre politique de d¨¦veloppement, dans la mesure o¨´ cette cat¨¦gorie de malades sont des travailleurs qui jouent un r?le important dans la construction de la nation. Ils auront plut?t, pendant les nombreuses ann¨¦es o¨´ ils sont cens¨¦s produire, ¨¤ faire face ¨¤ des complications chroniques de leur maladie, ce qui impliquera l¡¯utilisation des ressources pour leur suivi m¨¦dical constant, tr¨¨s souvent co?teux pour l¡¯Etat et leur famille (6,7).
Il convient enfin de souligner que l¡¯objectif du programme Pharmacop¨¦e et M¨¦decine Traditionnelles Africaines du CAMES est de mettre ¨¤ la disposition des populations africaines des M¨¦dicaments Traditionnels Am¨¦lior¨¦s (MTA) afin de r¨¦soudre le crucial probl¨¨me de m¨¦dicaments, et cr¨¦er progressivement les conditions de l¡¯implantation de la future industrie pharmaceutique africaine.
La non atteinte des objectifs depuis le d¨¦veloppement de ce programme, a amen¨¦ le 13e Colloque sur la Pharmacop¨¦e et la M¨¦decine Traditionnelles Africaines (PMTA), tenu ¨¤ Yaound¨¦ (Cameroun) du 06 au 10 d¨¦cembre 2004, ¨¤ r¨¦agir aux critiques du Comit¨¦ de Pilotage (Audit de l¡¯AUF), et ¨¤ sugg¨¦rer la cr¨¦ation ¨¤ l¡¯int¨¦rieur du programme, dans un but de rationalisation, trois zones g¨¦ographiques avec chacune d¡¯elle des pathologies cibles en plus du VIH/SIDA :
Afrique de l¡¯Ouest : Paludisme ;
Afrique Centrale : Maladies hypertensives et m¨¦taboliques ;
Afrique de l¡¯Est et Madagascar : maladies diarrh¨¦iques.
Pour la poursuite du programme, il ¨¦tait n¨¦cessaire d¡¯identification des Projets de Recherche - D¨¦veloppement ¨¦labor¨¦s dans chaque sous r¨¦gion et prenant en compte les pr¨¦occupations cibl¨¦es, le Secr¨¦tariat G¨¦n¨¦ral du CAMES se chargeant de rechercher les financements n¨¦cessaires ¨¤ la r¨¦alisation des activit¨¦s.
Le R¨¦seau PMTA Afrique Centrale, cr¨¦e en d¨¦cembre 2005 et coordonn¨¦ du Professeur Jean-Maurille OUAMBA, participe aux travaux sur les maladies diarrh¨¦iques en rassemblant les donn¨¦es de la sous r¨¦gion sur la question ¨¤ travers des projets de recherche ou de th¨¨se dont celui-ci.
En g¨¦n¨¦ral, cinq (5) esp¨¨ces m¨¦dicinales ont ¨¦t¨¦ identifi¨¦es et inventori¨¦es ¨¤ Bangui et ses environs dans le cadre du traitement du diab¨¨te par les tradipraticiens (cf. tableau)
Nom scientifique (Famille) Organes utilis¨¦s Noms vernaculaires
+ Noms vulgaires (Issongo) Usage m¨¦dical
Morinda Lucida Bth. (Rubiaceae) Feuilles, Ecorces Mokekele Le d¨¦coct¨¦ des feuill¨¦es et ¨¦coreces est utilis¨¦ pour la toilette du diab¨¦tique
Persea americana Mill. (Lauraceae) Feuilles Avocatier Deux petites poign¨¦s de feuilles coup¨¦es en petits morceaux, faire infuser dans un litre d¡¯eau ¨¤ boire au cours de la journ¨¦e
Ocimum gratissimum L. (Lamiaceae) Feuilles Ngbanda Le maladie diab¨¦tique consommera le mac¨¦r¨¦ des feuilles comme boisson
Citrus aurantifolia L. (Rutaceae) Feuilles Moguembeguembe
Citronnier Contre le diab¨¨te, le d¨¦coct¨¦ des feuilles fra?ches est m¨¦lang¨¦ au miel
Paullinia pinnata L. (Sapindaceae) Feuilles Gagambolo Les feuilles m¨¦lang¨¦ avec du s¨¦same l¨¦g¨¨rement grill¨¦ est consomm¨¦ par le malade trois fois par jour
Le mat¨¦riel v¨¦g¨¦tal est constitu¨¦ par les feuilles, racines, ¨¦corces r¨¦colt¨¦s dans la r¨¦gion de Bangui et ses environs. Ces plantes sont aussi utilis¨¦es traditionnellement pour le traitement de plusieurs maladies. Leur identification botanique a ¨¦t¨¦ r¨¦alis¨¦e ¨¤ la Facult¨¦ des Sciences au D¨¦partement des Sciences de la Mati¨¨re de l¡¯Universit¨¦ de Bangui. Les ¨¦chantillons sont s¨¦ch¨¦s ¨¤ la temp¨¦rature ordinaire du laboratoire ¨¤ l¡¯abri du soleil puis broy¨¦ et extrait.
La m¨¦thodologie suivante est adopt¨¦e :
Enqu¨ºte ethnobotanique :
L¡¯identification des tradipraticiens ;
La r¨¦colte des ¨¦chantillons botaniques de plantes d¨¦sign¨¦e par les tradipraticiens par ¨¦quipe d¡¯¨¦tude ;
La recherche documentaire sur les propri¨¦t¨¦s pharmacologiques de ces plantes r¨¦colt¨¦es et leurs diff¨¦rentes utilisations en m¨¦decine traditionnelle dans la pharmacop¨¦e africaine (Congolaise, Camerounaise, S¨¦n¨¦galaise et Centrafricaine dont nous disposons)
¨¦tude phytochimique :
Plusieurs solvants seront utilis¨¦s pour l¡¯extraction du mat¨¦riel v¨¦g¨¦tal. Les diff¨¦rentes parties de la substance v¨¦g¨¦tale seront choisies ¨¤ partir des usages th¨¦rapeutiques des tradipraticiens selon le solvant utilis¨¦s. L¡¯extraction pourra se faire ¨¤ froid (Mac¨¦ration) ou ¨¤ chaud (Soxhlet).
Par la suite, ces diff¨¦rentes extractions seront effectu¨¦es au laboratoire de Chimie ; un criblage chimique sera effectu¨¦ sur les extraits bruts des diff¨¦rents ¨¦chantillons afin de mettre en ¨¦vidence la famille des alcalo?des, triterp¨¨nes, flavono?des, st¨¦rols, tanins, saponosides, etc., d¡¯apr¨¨s la m¨¦thode d¨¦crite par Abayomi (1996).
Enfin, on arrivera ¨¤ l¡¯isolement, purification et d¨¦termination des structures des principes actifs : pour y parvenir, il nous est n¨¦cessaire de faire appel ¨¤ des techniques analytiques de s¨¦paration et/ou de caract¨¦risation. La technique la plus couramment utilis¨¦e est la Chromatographie Liquide Haute Performance (HPLC), dans le but d¡¯isoler les principes actifs des extraits afin de fractionner et de les purifier. L¡¯utilisation de l¡¯infrarouge (I. R), la Spectrom¨¦trie de Masse (S. M), etc., nous permet d¡¯identifier la structure mol¨¦culaire des compos¨¦s.
¨¦valuation des activit¨¦s pharmacologiques :
Cette tache se r¨¦sume ¨¤ l¡¯¨¦valuation de la toxicit¨¦ et de l¡¯activit¨¦ anti-hyperglyc¨¦miante avec le concours des biologistes du r¨¦seau PMTA Afrique Centrale.
Recherche documentaire :
Elle sera mise ¨¤ contribution pour comparer les usages th¨¦rapeutiques des esp¨¨ces recens¨¦s dans le cadre de notre travail ¨¤ ceux des plantes ¨¦tudi¨¦es dans d¡¯autres pharmacop¨¦es notamment celle du Congo, du S¨¦n¨¦gal et celle de l¡¯exp¨¦dition ethnobotanique men¨¦e en Empire Centrafricaine.
4. Constitution d¡¯une banque de donn¨¦es sur les plantes ¨¤ potentialit¨¦s antiglyc¨¦miantes (screening chimique des extraits, ¨¦valuation de l¡¯activit¨¦ biologique des fractions, isolement des principes actifs, corr¨¦lation ? structure - activit¨¦) ;
Confirmation ou infirmation des domaines d¡¯utilisation de ces v¨¦g¨¦taux et de leur int¨¦r¨ºt pharmaceutique ;
Publication des r¨¦sultats (rapports d¡¯activit¨¦s, articles scientifiques, ¨¦ventuellement brevets et ouvrage).
Soutenance d¡¯une th¨¨se de doctorat de l¡¯Universit¨¦ Marien Ngouabi ;
A moyen terme, formulation des m¨¦dicaments traditionnels am¨¦lior¨¦s.
Au niveau du plateau technique, nous b¨¦n¨¦ficierons du plateau technique de l¡¯Universit¨¦ de Bangui et de l¡¯Universit¨¦ Marien Ngouabi o¨´ fonctionnent depuis 6 ¨¤ 7 ans les formations doctorales ; et particuli¨¨rement, nous mettrons ¨¤ profit les comp¨¦tences et le mat¨¦riel scientifique de la formation doctorale Valorisation des plantes aromatiques, alicamentaires et m¨¦dicinales, du P?le d¡¯Excellence R¨¦gional AUF ? Formation et Recherche sur la Pharmacop¨¦e et la M¨¦decine Traditionnelles Africaines ? et du R¨¦seau PMTA Afrique Centrale du CAMES dont le si¨¨ge est l¡¯Universit¨¦ Marien Ngouabi de Brazzaville et plac¨¦ sous la coordination du Professeur Jean-Maurille OUAMBA.