Tous les patients consécutivement hospitalisés de janvier 2008 à novembre 2014 dans le service de médecine interne du CHU Bichat, pour un premier ETEV ont été recensés de manière rétrospective. Les patients ayant un facteur thrombophilique connu ont été exclus. Les données démographiques, les informations relatives à l’ETEV et au cancer et le suivi ont été obtenues à partir des dossiers médicaux. Une thrombose veineuse qui concernait un territoire autre que le réseau veineux des membres inférieurs et les artères pulmonaires était dite atypique.
Trois cent dix-sept (66,5 ± 19,1.9 ans, 64,3 % de femmes) patients ont été inclus. Parmi ceux-ci, 103 (32,5 %) patients étaient atteints d’un cancer : 54 révélés au moment de l’ETEV et 49 déjà connus. Les cancers du poumon, du sein et colorectaux représentaient 48,5 % de l’ensemble des cancers. Le cancer était à un stade avancé dans 41,7 % des cas. Les patients ayant un cancer associé à l’ETEV étaient plus âgés et présentaient plus fréquemment que les sujets sans cancer une thrombose veineuse en territoire atypique. Dans 30,1 % (vs 7,5 % en l’absence de cancer, p < 0,0001) des cas, l’ETEV associé au cancer était découvert fortuitement. Les taux de récidives thrombotiques (15,2 % vs 6,2 %, p = 0,06) et de mortalité (26,2 % vs 5,1 %, p < 0,0001) étaient plus élevés en cas de cancer. Seuls 3 cas de cancer (3/177, 1,7 %) étaient diagnostiqués dans l’année suivant le 1er ETEV pour un suivi de 22,6 ± 21 mois.
La fréquence des cancers diagnostiqués chez les patients hospitalisés pour un 1er événement thromboembolique veineux est élevée. L’ETEV y est volontiers découvert de manière fortuite et en territoire atypique. Dans l’immense majorité des cas, le cancer est déjà connu ou diagnostiqué concomitamment et associé à un mauvais pronostic.