Au moment de l’observation, le patient est atteint de MA prodromale, n’a aucune comorbidité neurologique ou psychiatrique, ni traitement psychotrope. Malgré un haut niveau socioculturel, un tempérament affable et la volonté de participer à un protocole évaluant la mémoire autobiographique, le patient s’est montré incapable de générer le moindre souvenir autobiographique, que ce soit épisodique ou générique. Cela était le cas au cours d’un protocole classique utilisant des mots-indices (autobiographical interview) et au cours de l’étude des souvenirs définissant le soi (self-defining memories), alors que le patient s’est vu proposer plusieurs tentatives, sans limites de temps, avec la possibilité de réfléchir à domicile aux souvenirs marquants. De plus, il n’a été capable de ne décrire aucun trait identitaire au cours du Twenty statement test proposé pour explorer le self. L’IRM montrait une atrophie prononcée des régions de la ligne corticale médiane, et une analyse en volumétrie a confirmé l’existence d’une atrophie significative du précuneus et du cortex frontal dorso-médian, comparativement à 10 patients atteints de MA prodromale appariés en âge, niveau socio-éducatif et en score au MMSE.
La perte des souvenirs autobiographiques est associée chez ce patient à une détérioration du self plus globale, illustrant la relation réciproque qui existe entre self et Mab. Une telle observation est exceptionnelle à un stade prodromal de MA et semble liée chez ce patient à l’atrophie prononcée des régions de la ligne corticale médiane, classiquement impliquées dans les tâches mettant en jeu le self et la Mab.
Cette étude de cas démontre que la Mab dépend de l’intégrité du self, dont les régions corticales médianes représentent les soubassements neuro-anatomiques.
NP a bénéficié d’un poste de CCA sur le plan Alzheimer et d’un financement APP jeune chercheur GIRCI Est.