Une femme âgée de 23 ans est une étudiante brillante, cadette d’une fratrie de deux, dont la sœur aînée est suivie pour SEP rémittente. L’histoire de sa maladie remonte à 2010 par l’apparition d’épisodes de déréalisation et de dépersonnalisation qui durèrent une semaine puis régressèrent spontanément. Pendant 4 ans, ces phénomènes furent récurrents et s’aggravaient en période d’examens avec rémission complète entre les épisodes. En 2014, la patiente a présenté une NORB droite régressive, tout en gardant les mêmes symptômes psychiatriques qui évoluaient en poussées-rémission. L’examen neurologique à son admission trouva un syndrome tétrapyramidal isolé. L’IRM cérébrale a montré plusieurs lésions démyélinisantes de la substance blanche, répondant aux critères de Barkhof, en plus de lésions en hypersignal T2 et FLAIR, corticales et sous-corticales, de siège temporal. Les bilans inflammatoire et immunologique étaient négatifs. Les potentiels évoqués visuels furent altérés du côté droit. Le diagnostic de SEP fut retenu et la patiente a reçu 3 g de méthylprednisolone, après lesquels il y a eu une aggravation des épisodes psychiatriques, un traitement antidépresseur a permis une amélioration partielle. Un traitement de fond à base d’interféron vient d’être instauré.
Appuyés par la NORB, la déréalisation et la dépersonnalisation furent les signes majeurs du trouble dissociatif conduisant au diagnostic de SEP chez notre patiente. Les troubles psychiatriques sont fréquents chez les patients SEP et sont dominés par la dépression. La dissociation, exceptionnellement rapportée dans la SEP, est considérée comme une poussée, et peut être expliquée par des lésions temporales, telles retrouvées à l’IRM de notre patiente.
Les troubles psychiatriques dans la SEP sont trompeurs et peuvent retarder le diagnostic du fait de leurs aspects variables. Notre observation illustre ce fait et attire l’attention sur la difficulté de son traitement.