Notre étude était de type rétrospectif portant sur une série de 38 patients atteints d’un trouble de l’humeur (trouble dépressif ou trouble bipolaire), qui ont été examinés au service de psychiatrie « C » au CHU Hédi Chaker de Sfax (Tunisie) dans un cadre expertal pénal.
Nos patients avaient une moyenne d’âge de 40 ans et 6 mois. Les diagnostics psychiatriques retenus étaient le trouble bipolaire (65,8 %) et le trouble dépressif majeur (34,2 %). Lors du passage à l’acte, 84,2 % des patients étaient en période de décompensation thymique dont 57,8 % étaient en décompensation maniaque ou hypomaniaque et 26,3 % en décompensation dépressive. Trente et un patients ont été considérés en état de démence au sens légal au moment des faits. Parmi les facteurs corrélés avec l’abolition des capacités de jugement et de discernement étaient l’âge jeune au moment des faits (p = 0,007), la consommation de substances psychoactives (p = 0,04), le diagnostic de trouble bipolaire (p = 0,02), la présence de caractéristiques psychotiques (p = 0,01) et la polarité maniaque ou hypomaniaque de l’épisode au moment de l’acte (p < 10−4).
La connaissance des liens complexes entre les troubles de l’humeur et les actes illégaux, d’une part, et du poids des comorbidités dans cette pathologie, d’autre part, aidera l’expert à une meilleure interprétation médicolégale du retentissement de la pathologie sur la capacité de discernement.