En raison d’un risque percutané potentiel non négligeable, une campagne biométrologique a été réalisée avec le dosage du métabolite urinaire, l’acide 2-méthoxypropionique (2-MPA). Quarante-six prélèvements ont été réalisés. Le 2-MPA urinaire a été détecté chez 91 % des peintres avec une concentration moyenne de 0,35 mg/L (médiane 0,13 mg/L ; LQ 0,05 mg/L) avec dix dépassements de la valeur seuil de 0,30 mg/L (max 2,63 mg/L).
Des vitesses d’air insuffisantes dans les cabines de peinture ont été constatées par le centre de mesure physique de la CARSAT. Des modifications techniques ont été apportées pour répondre aux recommandations INRS. Les EPI se sont avérés insuffisants pour protéger efficacement les peintres. La fréquence de changement des gants a été modifiée en fonction des temps de perméation aux substances exposées et une protection respiratoire à adduction d’air a été mise en place (masque à cartouche initialement). Des phases d’exposition avec non respect des EPI ont été identifiées (nettoyage du matériel avec diluant sans gant). Une sensibilisation aux risques chimiques ainsi qu’à l’utilisation des équipements de protection a été faite à l’ensemble des peintres.
L’explication scientifique de la démarche d’analyse pour un produit non étiqueté CMR a été peu aisée (base toxicologique nécessaire). Afin de minimiser l’impact sur la productivité (questionnaire, recueil urinaire, rendu des résultats), une coordination optimale a été nécessaire entre l’infirmerie, l’encadrement (salariés en 3 × 8) et le laboratoire d’analyses. L’interprétation reste peu évidente : absence de valeur limite biologique professionnelle (seule une valeur guide pour la population générale existe), exposition dans le cadre personnel difficile à déterminer (travail au noir non déclaré initialement), variabilité interindividuelle. Le secret médical a été difficile à conserver dans certaines situations : non respect des EPI ou des procédures par exemple. Il est pourtant indispensable dans l’adhésion des salariés à ce type de démarche.
L’impact en termes de prévention et de traçabilité des expositions professionnelles est indiscutable mais les conséquences économiques pour l’entreprise ont été importantes avec fermeture d’une cabine de peinture pendant 3 semaines dans le cadre d’une procédure de danger grave et imminent à l’initiative du CHSCT et validée par l’Inspection du travail.