L’objectif de cette étude est d’évaluer l’évolution du niveau de rétention pulmonaire en PMNF et de valider l’hypothèse d’une augmentation sur une période de 20 ans, du niveau de rétention en particules de titane dans 2 séries de patients non exposés professionnellement à ces PMNF.
Deux séries de patients atteints de cancer broncho-pulmonaire ont été recrutées à partir de services de pneumologie : série 1 (entre 1994 et 1999, n = 33, âge moyen : 58,7 ans, tous fumeurs) et série 2 (entre 2009 et 2014, n = 36, âge moyen : 63,2 ans, 31 fumeurs). L’analyse détaillée de l’interrogatoire professionnel par des experts en pathologie professionnelle ne retrouvait pas d’exposition à des PMNF. Les échantillons de parenchyme pulmonaire prélevés lors de l’intervention d’exérèse pulmonaire ont été analysés en microscopie électronique à transmission couplée à un dispositif d’analyse chimique élémentaire, afin d’identifier et de quantifier les PMNF mesurant au moins 0,1 μm.
Il a été observé une augmentation de la rétention pulmonaire pour la totalité des PMNF entre les séries 1 et 2. L’élément le plus notable était l’augmentation du niveau de rétention en particules de titane (médiane : 5 × 107 et 8,8 × 107 p/g, pour les séries 1 et 2, respectivement ; p = 0,005). Au sein de la série 2, il n’y avait pas d’influence du sexe, de l’âge, du tabagisme ou du mode de recueil des échantillons (paraffine/formaldéhyde) sur le résultat de la mesure de concentration des particules de titane.
Ces résultats, obtenus sur des séries importantes comparativement aux données de la littérature, confirment l’hypothèse d’une augmentation du niveau de rétention pulmonaire en particules de titane entre 1994–1999 et 2009–2014 chez des personnes sans exposition professionnelle spécifique identifiée à des PMNF. Il apparaît important de documenter les sources d’expositions potentielles responsables de cette augmentation. La prise en compte du résultat de populations « témoins » est essentielle à l’interprétation des résultats biométrologiques chez les patients atteints d’une pathologie respiratoire pour laquelle le rôle d’une exposition professionnelle à des particules minérales est suspecté.