Il s’agissait d’une étude prospective, à visée descriptive conduite dans les 5 services de prise en charge de la tuberculose multirésistante du district d’Abidjan sur la période du 1er janvier au 28 février 2014.
Les 61 patients inclus avaient le profil épidémiologique suivant : un sex-ratio de 2,05, 34,4 % de travailleurs du secteur informel et 72,1 % de célibataires. La perte de la responsabilité familiale (fonctions de chef ou de substitut de chef de famille) au décours de la TB-MR par 59,3 % des patients était ressentie comme une frustration (32,5 %) ou une dévalorisation (27,5 %). La tuberculose multirésistante a été responsable de l’arrêt volontaire de toute activité professionnelle (95,1 %) en raison du poids de la maladie (89,7 %). Toute activité sexuelle avait été volontairement arrêtée (88,7 %) par les patients par peur de la transmission de la maladie au conjoint (76,7 %). La tuberculose multirésistante était responsable de conséquences financières (61,3 %), d’isolement social (14,7 %), de drames familiaux (12 %) et de recul professionnel (12 %). Les patients bénéficiaient de trois ordres de soutien : moral (43,3 %), financier (33 %), spirituel (21,6 %) de la part de la famille. Les émotions et le vécu des patients étaient pris en compte dans 96,7 % des cas par l’équipe soignante.
L’intrusion de la tuberculose multirésistante dans la vie d’un individu entraîne des bouleversements dans la dynamique familiale, professionnelle et sociale des patients. L’environnement psychosocial constitue un véritable support à prendre en compte dans l’élaboration des programmes de prise en charge des patients atteints de tuberculose multirésistante.