文摘
Cet article interroge la pensée et la construction du monde chez Glissant selon une double perspective, littéraire et anthropologique. Depuis Soleil de la conscience : poétique I (1956) jusqu’au roman Tout-monde (1993), en passant par l’anthologie de la poésie du Tout-monde (2010) et les essais de poétique, Glissant repart de la prise en compte de la Terre, saisie dans sa forme sphérique, pour parvenir à des notions définitoires de sa poétique (Tout-monde, Chaos-Monde, géomorphisme). Envisagée selon cette approche sphérologique, qui la figure comme un grand récipient destiné à accueillir toute la diversité (démesure) du monde, la Terre est porteuse d’une dimension anthropologique forte, qui, chez Glissant, se traduit par le dessin d’une jonction inextricable entre le monde et l’homme. Cette tension géomorphique apparente Glissant à d’autres penseurs contemporains tels que Peter Sloterdijk et Bruno Latour, qui, à partir d’une réflexion sur la forme même du monde, réfléchissent, comme l’auteur martiniquais, sur les enjeux inédits que pose la nouvelle mesure du monde globalisé et sur la place de l’homme dans celui-ci. L’article analysera ainsi l’apport de Glissant à une modélisation littéraire du monde global, notamment à travers sa notion de ? mondialité ?, con?ue en opposition à celle courante de ? mondialisation ?. Mots-clés édouard Glissant Sphérologie Globalisation Géomorphisme Poétique de la globalisation Littérature et anthropologie