Les auteurs rapportent l’observation singulière d’une patiente de 45 ans, devant subir une hystérectomie et qui a présenté une anaphylaxie à l’induction anesthésique compliquée d’un syndrome de Tako-Tsubo.
Méthodes
Dès l’induction anesthésique comportant midazolam, sufentanil, propofol, tracrium, céfazoline, apparaît une anaphylaxie de grade III selon la classification de Ring et Messmer. La patiente reçoit adrénaline en IV 1 mg renouvelé 2 fois, hydrocortisone 1500 mg, phényléphrine 600 mg, remplissage vasculaire (3500 mL). Douze heures plus tard alors que l’adrénaline est poursuivie à la seringue électrique (0,3 mg/h), la patiente présente un syndrome coronarien aigu.
Résultats
Le diagnostic de syndrome de Tako-Tsubo est retenu devant la normalité de la coronarographie et de l’aspect caractéristique du ventricule gauche (VG) à la ventriculographie et à l’IRM. L’évolution est favorable en une dizaine de jours avec une fraction d’éjection qui tend à revenir normale à 65 % (45 % à la phase aiguë). Trois mois plus tard, le bilan allergologique retrouve une sensibilisation à céfazoline (IDR positive à 0,25 mg/mL). En revanche, l’enquête demeure négative avec les autres médications utilisées lors de l’accident selon les recommandations actuelles de même que la réactivité croisée avec les pénicillines et les céphalosporines de 3e génération. Le dosage plasmatique de tryptase à distance de l’accident est à 3,3 mg/L (9,2 mg/L trois heures après le début de l’anaphylaxie).
Discussion
Il s’agit d’une anaphylaxie due à céphazoline elle-même compliquée d’un syndrome de Tako-Tsubo. La cardiomyopathie de Tako-Tsubo ou syndrome de ballonisation apicale transitoire du VG est la conséquence d’une inondation de catécholamines au niveau cardiaque entraînant une akinésie apicale associée à une hyperkinésie basale. Le tableau clinique est celui d’un syndrome coronarien aigu pouvant aller jusqu’au choc cardiogénique et affecte presque exclusivement les femmes surtout de plus de 60 ans. L’étiologie résulte d’un stress émotionnel intense ou physique et plus rarement d’une anaphylaxie et utilisation d’adrénaline IV comme c’est le cas de l’observation rapportée où de fortes posologies ont été utilisées.