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La leishmaniose cutanée (LC) est une affection complexe qui constitue un problème inquiétant de la santé publique. Les dérivés pentavalents d’antimoine (DPA) constituent le traitement de référence de la LC en Tunisie. Ils s’avèrent avoir des effets secondaires graves de plus en plus fréquents. Cela nous a amenés à tester une autre alternative thérapeutique innovante, la thermothérapie. Cette technique consiste en l’application locale de la chaleur à 50 °C pendant 30 secondes au niveau du site de la lésion.Matériel et méthodesIl s’agit d’une étude prospective portant sur tous les cas de LC vus le service de dermatologie de l’hôpital régional de Gafsa (Tunisie) sur une période de 15 mois, de janvier 2015 à avril 2016. On a inclus les patients chez qui le diagnostic a été confirmé par frottis, une PCR positive ou un examen histologique. On a exclu les patients qui avaient une lésion près des yeux, du nez, des oreilles ou des lèvres. Nous avons recruté 152 cas ayant des lésions uniques ou multiples de LC siégeant : au niveau du visage, 30 cas (19,7 %) ; sur les membres inférieurs ou supérieurs, 70 cas (46 %) ; sur le dos, 15 cas (10 %) ; sur l’abdomen, 20 cas (13,1 %) ; sur les fesses, 14 cas (9,2 %) ; sur le cuir chevelu, 3 cas (2 %). La taille de la lésion était variable de 0,5 cm à 5 cm de diamètre. La thermothérapie était administrée à l’aide de radiofréquence à 50 °C pendant 30 secondes selon la taille de la lésion. Le suivi du patient après la fin du traitement était programmé à j14, j30, j45 et j180.RésultatsNous avons inclus 152 cas de LC, 107 masculins (70,4 %) et 45 féminins (29,6 %), dont 4 (2,6 %) femmes enceintes. L’âge moyen était de 28 ans avec des extrêmes de 18 à 70 ans. La durée d’évolution moyenne était de trois mois. L’évolution était favorable et aucun effet indésirable n’a été noté durant le suivi sauf, chez 18 patients (11,8 %), une surinfection associée qui a été jugulée par une antibiothérapie adaptée avec des soins locaux.DiscussionLa thermothérapie était efficace dans 84,86 % des cas. Elle a été utilisée comme traitement de la LC depuis 2005. Depuis cette constatation, nous n’avons traité que quelques séries sur ce sujet. Reithinger et al., dans une étude contrôlée sur l’efficacité de la thermothérapie comparée au Glucantime® intramusculaire et intralésionnel, n’ont montré aucune différence statistiquement significative entre les trois méthodes. Notre série est la plus importante de la littérature ; elle montre que la thermothérapie parfaitement tolérée et efficace dans 84,86 % des cas.ConclusionLa thermothérapie est un traitement efficace relativement bien toléré, rapide, peu coûteux et permettant d’éviter les effets indésirables fréquents et parfois graves des DPA. Elle devrait par conséquent être utilisée en première intention comme une alternative thérapeutique aux DPA.
