Le cancer est un élément fortement perturbateur de la fonction sociale,
familiale et professionnelle. Le retentissement du cancer sur le travail a été longtemps négligé parce que la problématique du travail restait quelque peu restreinte chez des patients souvent âgés et grevés d’un pronostic péjoratif à court terme. Le contexte a évolué avec les progrès du dépistage autorisant aujourd’hui une prise en charge de patients plus jeunes (50 % travaillent au diagnostic) et avec l’amélioration des résultats thérapeutiques. La littérature sur le sujet est donc récente et encore pauvre en matière d’hémopathies. Le taux de retour moyen au travail après un diagnostic de cancer est de 60 % (24–94 %). Ce taux varie selon différents facteurs, entre autres, le type de cancer, le type de traitement mais également certains facteurs socioprofessionnels (statut, temps de travail, exigences physiques ou psychologiques…). Dans ce contexte, nous nous sommes intéressés au retour au travail de patients atteints de
lymphome B diffus à grandes cellules en fonction de critères socioprofessionnels, de facteurs pronostics de la maladie et du type de chimiothérapie délivré.
Méthode
Ce travail repose sur les données rétrospectives de 227 patients âgés de moins de 66 ans au diagnostic de LBDGC posé entre novembre 2006 à avril 2013. Ces personnes sont issues d’une cohorte de patients atteints de lymphome en Midi-Pyrénées (cohorte AMARE). Un auto-questionnaire a été adressé au domicile de ces personnes en début d’année 2014. Ce questionnaire interrogeait le patient notamment au sujet de ses caractéristiques socioprofessionnelles (statut, temps de travail, facteurs de pénibilité professionnels…) au diagnostic et à 2 ans du diagnostic.
Résultats
Sur les 227 patients interrogés, 99 ont répondu au questionnaire et 79 étaient en activité professionnelle au diagnostic. Ces 79 personnes étaient âgées en moyenne de 47 ans et comptaient 48 hommes (61,2 %). Quatre-vingt pour cent présentaient un facteur pronostic élevé (Ann Arbor III/IV) et 49 % ont bénéficié d’une chimiothérapie intensive (R-ACVBP). Le taux de retour au travail à 2 ans est de 72 %. Aucun déterminant professionnel n’apparaît associé de manière statistiquement significative à ce retour au travail à 2 ans. Les déterminants de retour au travail sont avant l’âge jeune (p < 10−3) et l’absence de rechute (p = 0,03).
Discussion et conclusion
Cette étude a permis de constater un taux de retour au travail à 2 ans comparable aux données de la littérature internationale. Contrairement aux données du cancer du sein, aucun déterminant professionnel ne semble associé au retour au travail (statut, contrat, horaires, facteurs antérieurs de pénibilité…).