La souffrance psychique en lien avec le travail (SPLT) prend de plus en plus d’importance dans les pathologies d’origine professionnelle. Or, celle-ci ne figure dans aucun tableau de maladie professionnelle reconnue par les différents régimes de sécurité sociale. Notre objectif était de décrire l’évolution des taux annuels de prévalence de la SPLT entre 2007 et 2012 et d’étudier l’association entre la SPLT et l’âge, la catégorie sociale et le secteur d’activité.
Méthode
À partir des données issues du Programme de surveillance des maladies à caractère professionnel (MCP), qui s’appuie sur un réseau de médecins du travail volontaires, les taux annuels de prévalence de la SPLT ont été calculés pour la période 2007 à 2012 et des régressions logistiques ont été réalisées afin de tester l’association entre la SPLT et l’âge, la catégorie sociale et le secteur d’activité. Les analyses ont été faites séparément chez les hommes et chez les femmes.
Résultats
Les taux de prévalence de la SPLT étaient 2 fois plus élevés chez les femmes que chez les hommes, quelle que soit l’année. Ces taux ont augmenté sur la période 2007 à 2012, aussi bien chez les femmes de 2,3 % à 3,1 %) que chez les hommes de 1,1 % à 1,4 %). Contrairement au secteur d’activité, l’âge et la catégorie sociale étaient fortement associés à SPLT en analyses multivariées. Celle-ci était plus souvent signalée chez les salariés âgés de 45 à 54 ans en comparaison à ceux âgés de moins de 25 ans OR 4,1, IC 95 % [2,9–5,7] chez les femmes et OR 6,0, IC 95 % [3,7–9,7] chez les hommes) et plus souvent rapportée chez les cadres par rapport aux ouvriers OR 4,2, IC 95 % [3,2–5,5] chez les femmes et OR 3,1, IC 95 % [2,4–3,9] chez les hommes).
Discussion
L’augmentation des taux de prévalence de la SPLT sur la période 2007–2012 est à mettre en parallèle avec une dégradation constatée des conditions de travail et d’une médiatisation croissante de cette problématique. Le gradient social croissant observé des ouvriers vers les cadres pourrait être expliqué par une moindre verbalisation de cette souffrance chez les ouvriers, ceux-ci l’exprimeraient davantage par des plaintes somatiques. Les facteurs d’augmentation du taux de prévalence de la SPLT sont dépendants de l’avancée en âge et de l’ascension sociale indépendamment du secteur d’activité.
