En cancérologie, les patients âgés
de plus
de 65 ans restent sous-représentés dans les essais thérapeutiques du
fait
de comorbidités plus
fréquentes, mais aussi par manque
de proposition par les mé
decins. Un niveau d’étu
de souvent moins élevé, associé à une compréhension moins gran
de des essais cliniques, joue un rôle probable. Notre objecti
f était
de décrire le taux
de proposition
de participation et les
facteurs associés à ces propositions.
Méthodes
L’enquête nationale VICAN2 a recueilli en 2012 via un questionnaire téléphonique la proposition de participation à un essai thérapeutique et les conditions de vie à deux ans du diagnostic de cancer. Les principales caractéristiques médicales étaient recueillies à l’aide d’une fiche remplie par le médecin référent.
Résultats
L’échantillon final d’analyse incluait 4349 participants (taux de réponse = 43,7 %). Parmi les personnes interrogées, 7,3 % déclaraient qu’il leur avait été proposé de participer à un essai thérapeutique : 4,6 % chez les plus de 65 ans contre 9,0 % chez les plus jeunes (OR = 0,49 ; IC95 % [0,37 ; 0,63] ; p < 0,001). Après proposition, les taux d’acceptation étaient par contre plutôt plus élevés chez les plus de 65 ans : 82,9 % contre 72,8 % chez les plus jeunes (p = 0,076). Un âge supérieur à 65 ans restait significativement associé à une diminution des propositions de participation à un essai thérapeutique (OR = 0,60 ; IC95 % [0,46 ; 0,80] ; p < 0,001) après ajustement sur les variables médicales (localisation et pronostic du cancer, présence d’une comorbidité, limitations fonctionnelles déclarées) et caractérisant la commune de résidence (ruralité, indice de désavantage social). L’effet de l’âge diminuait encore mais persistait (OR = 0,70 ; IC95 % [0,52 ; 0,93] ; p = 0,014) après prise en compte des variables psychosociales (niveau d’éducation, revenus du ménage et recherche d’information sur le cancer) associées à des propositions accrues de participation.
Conclusion
Le plus faible taux de participation à des essais thérapeutiques des personnes âgées de plus de 65 ans n’est pas lié à des refus de participation mais à des propositions médicales plus rares. Celles-ci s’expliquent notamment à la fois par les caractéristiques cliniques des patients mais aussi par un niveau d’éducation plus faible et un comportement plus passif des patients âgés vis-à-vis de leur maladie. Un manque de connaissances et de compréhension des essais cliniques ne devrait pas être une barrière à la participation et lorsqu’ils sont éligibles, les patients âgés devraient être également sollicités.